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Les confidences de présaison d'Hervé Poncharal


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En 2012, Tech3 a vécu une année extraordinaire en catégorie reine : six podiums avec Andrea Dovizioso, deux autres avec Crutchlow, dix qualifications en première ligne et le record absolu de points marqués par un pilote privé (258 pour l’Italien).

En Moto2, en revanche, l’écurie de Bormes-les-Mimosas a connu une saison difficile avec une quatrième place, celle de Bradley Smith au Mugello, comme meilleur résultat.

Dans quelques jours, pour les pilotes comme pour les écuries, les compteurs seront remis à zéro et pour plus d’un, 2013 s’annonce crucial.

Que ce soit pour Tech3 qui, Dovizioso parti, pourrait vivre des week-ends moins euphoriques ; que ce soit pour Crutchlow qui, à n’en pas douter, devra allier la régularité à sa pointe de vitesse s’il veut conserver un guidon intéressant en 2014 ; que ce soit pour Louis Rossi et Danny Kent qui devront découvrir le Moto2 et convaincre de leur potentiel sur une moto, la Mistral610, souvent décriée ; que ce soit pour Yamaha qui devra concilier Lorenzo et Rossi tout en pensant à leur succession, ou que ce soit pour le MotoGP, amené à négocier un virage important quant à la règlementation qui, en 2014, devra rendre le fond de la grille plus compétitif.

Pour parler de tous ces sujets, difficile de trouver meilleur interlocuteur qu’Hervé Poncharal, le patron emblématique de la structure française et président de l’IRTA (International Road Racing Team Association).

Plus qu’une interview, c’est une discussion que nous vous livrons, et il en ressort un article long, très long, mais que pour des raisons de cohérence, nous n’avons pas voulu découper.

Nous vous souhaitons donc un peu de courage avant de vous lancer dans sa lecture, mais nous nous montrons confiants quant à l’intérêt que vous lui porterez car, qu’on l’apprécie ou pas, l’avis d’Hervé Poncharal est toujours de ceux qui comptent.

GPi : Hervé Poncharal, cette saison, en Moto2, Tech3 se lance dans un sérieux défi puisqu’avec Louis Rossi et Danny Kent, vous totaliserez presque la moitié des ‘rookies’ de la catégorie. Quel état d’esprit règne-t-il à Bormes-les-Mimosas quelques jours avant la reprise ?

HP : "Fin 2012, en jetant un œil sur la liste des engagés et si on ne compte pas Doni Tata Pradita, qui a déjà disputé une saison complète en 250cc ainsi que Rafid Topan Sucipto, qui a roulé à Valence en 2012, j’ai remarqué qu’il y aurait quatre ‘rookies’ (Kyle Smith, Sandro Cortese, Louis Rossi et Danny Kent) dont deux rouleront sous nos couleurs.

Quand on voit le niveau du Moto2, qui est une catégorie extrêmement difficile où non seulement il faut avoir un excellent niveau de pilotage, mais également un mental excessivement fort pour s’y maintenir, on peut effectivement parler d’un sacré défi.

Il y a quelques jours, dans un magazine, je lisais une déclaration de Jules Cluzel (ndlr :pilote Suzuki en Championnat du Monde Superbike) où il disait que si son but est d’arriver en MotoGP, le Moto2 l’a cassé. C’est une catégorie qui est très, peut-être trop difficile.

Pour le vivre de l’intérieur par l’entremise de mes pilotes, je sais que c’est un bébé magnifique que nous avons mis sur pied. Le spectacle sur la piste est incroyable et le fait que toutes les motos soient si proches les unes des autres, le fait que ce soit la dernière marche avant le MotoGP et le fait que vous devez être parfait techniquement, mais également mentalement pour être performant, rend ce championnat extrêmement compliqué.

Je pense d’ailleurs que ce sont ces exigences qui font qu’un pilote comme Bradl, et comme ce sera également le cas pour Marquez, ont été ou seront performants d’entrée de jeu sur des MotoGP.

Quand vous êtes devant et que vous dominez la catégorie Moto2, je ne veux pas dire que tout est facile mais en tout cas, beaucoup de voyants sont au vert pour aborder la catégorie reine.

Nous allons donc nous plonger dans un grand challenge. J’entends et je lis un tas de médias, dont GP-Inside, qui doutent des performances de notre moto. Certainement ont-ils raison car personne n’a la science infuse mais dès lors, en ne disposant que de deux motos sur la grille et en les confiant à des rookies, le défi est encore plus fort".

GPi : Où pensez-vous vous situer ?

"On ne va pas se mentir, on ne sera pas aux avant-postes. Zarco, en 2012, a réalisé une saison de rookie magnifique et l’objectif, quelque part, sera peut-être d’essayer de faire aussi bien que lui lors de sa première année".

GPi : Pourquoi deux rookies ?

"Dans son organisation, le Moto2 est plutôt une catégorie « junior » qui a surtout pour intérêt de tester de jeunes pilotes en provenance du Moto3 ou d’un autre championnat, de leur mettre le pied à l’étrier et d’évaluer ce qu’ils sont en mesure de réaliser. C’est beaucoup plus dans notre analyse et dans notre philosophie de prendre, sous notre aile, des pilotes comme Louis Rossi ou Danny Kent que de s’attacher les services de Toni Elias, de Simone Corsi ou de Thomas Lüthi.

Attention, il n’y a rien de péjoratif vis-à-vis de ces garçons, qui sont de très bons pilotes mais qui ont déjà une certaine expérience et qui sont peut-être au maximum de leur art.

Alors oui, ça va être difficile mais ce que je veux surtout, en 2013, c’est qu’après une saison difficile sur le plan des résultats, mais aussi de l’ambiance, on reparte dans une bonne atmosphère, que tout le monde soit heureux d’être là, que tous se supportent les uns les autres et qu’au fur et à mesure de la saison, les choses évoluent et avancent pour arriver, pourquoi pas, en fin de championnat, à se retrouver régulièrement dans le top10".

GPi : Donc, en début de saison, tu éviteras de donner des objectifs à tes pilotes si ce n’est celui d’apprendre en toute sérénité ?

"Cette semaine, ils sont venus à l’atelier et nous en avons un peu discuté. Il en ressort que si au Qatar, un des deux termine dans le top15, ce sera déjà une très belle performance.

D’un autre côté, il faut toujours se méfier des objectifs et des prévisions car, par exemple, si on s’attache au cas de Bradley Smith, on remarque que sa meilleure performance, en Moto2, il l’a réalisée lors de ses six ou sept premiers Grands Prix de son année de ‘rookie’ puisqu’après le Mugello, il était troisième au Championnat du Monde derrière Bradl et Marquez. Après ça, sa seconde moitié de saison a été beaucoup plus compliquée et nous ne parlerons même pas de 2012.

Alors, vu les forces en présence, il ne faut pas se voiler la face, lors des quatre ou cinq premières courses, ce sera très difficile d’être dans les points.

Ceci ne veut pas dire que nous n’avons pas d’ambition et que nous partons sans objectif mais je ne suis pas né de la dernière pluie et je connais l’étendue du défi qui nous attend.

Le but sera donc d’apprendre et de ne pas commettre trop d’erreurs, d’éviter les chutes qui vous empêchent de participer à certaines séances d’essais et qui vous font perdre un temps précieux qui, quoi qu’il arrive, ne se rattrape jamais".

GPi : Si on se laisse aller au jeu des pronostics, qui vois-tu pour jouer le titre ? Espargaro ? Redding ? Lüthi ? Simon ?

"Oui c’est évident, en tout cas sur le papier. Quand on prend Pol Espargaro, lors de sa première saison de Moto2, en début d’exercice, il était moins bien que Bradley Smith et puis, à partir d’Indianapolis, d’un seul coup il a explosé.

Donc, en théorie, Pol, qui en 2012 a été le seul vrai challenger de Marc Marquez, part favori. Ensuite il y a les classiques, avec Scott Redding qui a fortement progressé la saison passée et qui, à mon avis, sera encore plus fort en 2013. Lüthi, qui est là depuis plusieurs années, devrait répondre présent. Julian Simon, qui peut être extrêmement rapide mais qui reste parfois énigmatique…

Et puis, je pense que Johann Zarco va réaliser une très belle saison. Quand on connaît sa manière de travailler et son abnégation, on peut se dire que c’est un pilote qu’il va falloir prendre en compte parmi les favoris".

GPi : Puisqu’on parle de Pol Espargaro, sera-t-il pilote Tech3, MotoGP, en 2014 ?

"J’ai rencontré Pol, de mon propre fait, à Indianapolis. Nous avons longuement discuté et il m’a dit ce que je savais déjà, à savoir, qu’il disposait d’un contrat portant sur deux saisons avec Sito Pons.

Il m’a signifié qu’il avait l’intention de le respecter, ce que je cautionnais entièrement.

De mon côté, je lui ai fait savoir qu’il était quelqu’un avec qui j’aimerais discuter d’une collaboration pour 2014, et je lui ai demandé de me tenir au courant.

Par la suite, lors des derniers Grands Prix, il y a eu d’autres contacts mais plus brefs, comme il y en a d’ailleurs eu avec plusieurs autres pilotes. Alors évidemment, comme il est plus médiatisé que les autres, on en a beaucoup plus parlé.

Par la suite, son manager a rencontré le management de Yamaha, mais pour l’instant, il n’y a rien d’autre.

Les deux meilleurs pilotes, en 2012, étaient Marquez et Espargaro. Le premier cité est un pur produit Honda et à l’heure actuelle, il est bétonné par Tokyo. Espargaro n’ayant pas encore choisi son camp, il est logique que Yamaha assure ses arrières et manifeste la volonté de travailler avec lui.

GPi : Logique voire primordial…

…oui ! Aujourd’hui, avec Valentino et Jorge, ils ont une équipe de rêve mais c’est clair que les choses évoluent rapidement, que les carrières ne sont pas très longues et que Rossi est dans la dernière ligne droite de la sienne. En ce sens, préparer le futur est, comme tu le dis, primordial".

GPi : Attaquons le MotoGP. Un line-up 100% britannique mais relativement déséquilibré avec Crutchlow qui doit confirmer et Smith qui doit découvrir. Quel est votre état d’esprit à l’entame de la saison ?

"En 2012, nous avons vécu une année fantastique. Nous avons terminé troisième équipe au championnat, quatrième du classement avec Andrea Dovizioso, on a comptabilisé huit podiums, dix premières lignes…

C’est une saison fantastique pour une équipe comme Tech3 et donc, je ne me fais pas d’illusion, nous devrions vivre une saison 2013 moins performante car on garde Cal qui devrait monter en puissance, mais on accueille Bradley Smith qui sera loin de pouvoir reproduire les performances de Dovizioso, puisqu’il débute dans la catégorie.

Ce qui nous a également aidés en 2012, c’est le fait que nous étions à l’an un des 1000cc et qu’ en conséquence, notre matériel était très proche des motos officielles. Cette année, nous ne savons pas encore de quoi nous allons disposer et nous le découvrirons à Sepang.

On sait par exemple que Yamaha a travaillé sur une boite de vitesses très proche de celle dont disposait Honda au cours des deux saisons précédentes mais en revanche, à l’heure actuelle, je ne sais pas si nous en bénéficierons dès le début.

En tout cas, c’est clair, tout le développement qu’il y a eu sur la M1 en fin de saison et durant tout l’hiver, pourrait signifier que nous ayons un matériel légèrement décalé par rapport à celui de l’usine.

C’est, bien entendu, à confirmer mais c’est une possibilité logique et normale.

Du côté de Cal, il a largement démontré avoir la vitesse. Ses performances en qualifications étaient superbes mais il doit finir beaucoup plus de courses. En 2012, s’il avait manqué moins d’occasions de passer la ligne d’arrivée, il aurait été cinquième au championnat. A la place, il termine huitième.

L’exemple le plus révélateur que je puisse citer c’est Valence 2012. Il restait cinq tours et il disposait d’un boulevard d’avance sur son poursuivant. Même si les conditions étaient compliquées, il n’y avait aucune raison de prendre des risques et de se mettre au tapis.

Il doit travailler sur sa concentration mais il en est parfaitement conscient. Nous en avons longuement discuté avec lui et il va maintenant falloir qu’il montre qu’il est en mesure de se battre à la régulière avec les pilotes devant lui.

Son objectif sera non seulement les autres pilotes des teams indépendants comme Bautista ou Bradl, mais je sais aussi qu’il veut être très proche de Valentino et se battre avec lui.

Du côté de Bradley, ce n’est pas un plongeon dans l’inconnu car on sait que c’est un bon pilote qui, même si c’était un tout petit test puisqu’on n’a eu que très peu de temps sur le sec, nous a laissé une bonne impression pour ses premiers tours de roue à Valence. Les premières acquisitions de données n’étaient pas mal du tout.

C’est un grand bond en avant mais la bagarre entre Iannone, Smith et Marquez, les trois transfuges du Moto2 sera très intéressante. On sait que Marquez est un surdoué qui arrive dans une équipe incroyablement compétente mais ce sera intéressant à suivre.

Donc pour nous, aussi bien en Moto2 qu’en MotoGP, on s’apprête à se lancer dans un gros challenge. C’est évident que chaque année, on se remet en question mais là, sur les quatre pilotes de la saison dernière, nous n’en avons gardé qu’un seul et c’est Crutchlow".

GPi : Parlons argent, parce que le nerf de la guerre, c’est le financement et on sait que la mission est toujours plus délicate pour un team privé que pour un constructeur. Monster, votre sponsor titre s’est engagé avec l’écurie officielle Yamaha mais de votre côté, vous avez pu sécuriser la situation ?

"En 2011, j’ai signé un contrat de trois ans qui couvrait les saisons 2012, 2013 et 2014 et donc, quels que soient les investissements de Monster avec d’autres structures, ça ne remet pas en cause notre situation contractuelle.

Je sais que pour eux, c’était un peu difficile de comprendre et d’accepter qu’en 2012, ils sponsorisaient trois pilotes Yamaha sur quatre et que celui qu’ils ne sponsorisaient pas était celui qui gagnait les courses (Jorge Lorenzo qui était sponsorisé par Rockstar) et qui a été champion du monde, mais ils ont obtenu gain de cause en le récupérant. Ça leur a permis non seulement de récupérer les deux pilotes du team officiel avec des contrats personnels, mais également d’avoir un contrat sur l’équipe ‘factory’ et donc d’avoir une visibilité également sur les motos.

Les deux équipes Yamaha sont Monster – nous, en tant que sponsor titre, l’écurie officielle en tant que co-sponsor donc avec une visibilité moindre – mais ça a toujours été leur but d’obtenir une association avec tout ce qui se fait au niveau ‘racing’ chez Yamaha".

GPi : Que t’inspire le retour de Rossi chez Yamaha ? C’est aussi un plus pour Tech3 ?

"Pour Tech3, c’est comme pour ce qu’on vient de dire sur l’arrivée de Monster, on n’a, bien entendu, aucun droit de regard sur ce qui se passe chez Yamaha ‘factory’.

On est content de le voir revenir chez Yamaha car de belles pages, et peut-être même les plus belles pages de l’histoire de Valentino, en MotoGP, ont été inscrites chez Yamaha.

Il a amené énormément au niveau des résultats, mais également du point de vue marketing à Iwata. Personnellement, j’ai toujours eu des relations agréables et sympas avec lui et je pense que son retour va créer une dynamique nouvelle.

Comme je le disais, un des objectifs de Cal et donc de Tech3, sera d’être le plus près possible de lui et ce serait génial de voir ces deux hommes se battre en piste.

Son retour va aussi créer une belle émulation avec Lorenzo et j’espère qu’elle restera saine. Elle semble être partie sous de meilleurs auspices qu’à la fin de la saison de 2010.

Je suis aussi convaincu qu’il va nous offrir des passes d’armes qui vont nous faire rire, sur comme en dehors de la piste.

Et évidemment, ce qui est une bonne chose pour Yamaha est une bonne chose pour Tech3".

GPi : Et sa compétitivité ?

"Tout le monde se pose la question ! Valentino est un garçon extrêmement intelligent qui a prudemment déclaré que son premier objectif était de retrouver le podium le plus vite possible.

Lui-même doit se poser des questions et il faudra attendre de le voir en piste pour jauger son niveau. Il faudra même certainement attendre les deux ou trois premières courses (car Sepang est un peu particulier) pour voir où il se situe par rapport aux deux favoris que sont Lorenzo et Pedrosa.

Je n’en sais pas plus que ça ! C’est quelqu’un qui sait toujours piloter, qui a un gros bagage technique et qui dispose d’une grande expérience de la course. Il est peut-être moins disposé à prendre les risques qu’il prenait lorsqu’il avait 22 ou 25 ans mais il reste extrêmement performant et sur la longueur d’un championnat, il faut toujours compter avec lui.

Ce qui sera intéressant de voir c’est le duel entre Marc Marquez, qui est grosso modo le Valentino Rossi d’il y a 10 ans et le Valentino Rossi d’aujourd’hui, qui a peut-être moins de vélocité pure et qui est peut-être moins enclin à prendre des risques sur la piste mais qui a une bouteille, une expérience, un métier et une gestion de la course que n’a certainement pas Marquez.

Même si ce ne sont pas les mêmes personnes, ce sera intéressant car en quelque sorte, les deux Valentino seront confrontés".

GPi : Revenons quelques instants sur Cal Crutchlow. On se souvient, la saison dernière, de toutes ses tergiversations pour signer un nouveau contrat avec Tech3. Il a d’abord tâté le terrain chez Yamaha factory puis chez Ducati. Or, comme on l’a dit tout à l’heure, Iwata est à la croisée des chemins et s’ils veulent pérenniser leur statut d’écurie gagnante à l’avenir, ils vont devoir se bouger sur le terrain des transferts en engageant, par exemple, un gars comme Espargaro. On le sait, Bradley Smith, ton second pilote, dispose d’un contrat de deux ans, comme les pilotes factory alors que lui, il n’a signé que pour une saison avec toi. Dès lors, ne crois-tu pas qu’en hésitant autant, il a fini par mettre en danger son avenir en MotoGP ?

"Non, je ne pense pas. Cal, comme tous les pilotes, est un vrai compétiteur et il aime être performant dans tous les domaines, que ce soit sur la piste ou dans les négociations. Il a essayé à tout prix d’aller dans une structure officielle, ce qui a également été la démarche d’Andrea Dovizioso. Il n’y a que chez un constructeur que tu peux envisager de gagner des courses, voire le titre. Le dernier pilote non ‘factory’ à avoir gagné une course était Tony Elias et ça remonte au Portugal, en 2006.

Il ne faut pas se voiler la face, les contrats financiers sont aussi d’une toute autre grandeur chez un constructeur.

Donc, c’est normal qu’il ait essayé de pousser les portes de chez Ducati ou de chez Yamaha. C’est normal qu’il ait essayé de faire monter la sauce pour obtenir un meilleur contrat financier. Je ne lui en veux pas, il n’a fait que son boulot et Yamaha le comprend aussi.

Maintenant, c’est clair que si cette saison il est très performant, quoi qu’il arrive, il aura des opportunités, j’espère qu’on pourra le garder et sans ça, j’espère qu’il aura un guidon qui lui permettra de progresser.

Car au moment du décompte final, ce n’est pas sa façon de négocier en 2012 qui sera un élément déterminant, c’est la manière dont il va performer en 2013.

Si cette année, il réalise quatre ou cinq podiums, qu’il peut se battre avec Valentino, Marquez etc, qu’il est le meilleur pilote privé alors, il n’y aura aucune raison qu’on ne le garde pas.

Il n’y a qu’une chose qui compte, ce sont les résultats".

GPi : Et puis il lui restera toujours Suzuki…

"(Rires)…Suzuki ça fait beaucoup parler, mais moi je suis très heureux que Carmelo Ezpeleta ait annoncé et officialisé sa position par rapport à la grille.

Pour moi, on ne peut pas être 27 ou 28 en MotoGP. Que ce soit sur le plan de la gestion du paddock, de la gestion des stands ou sur le plan financier, il y a beaucoup de choses qui font qu’on ne peut pas.

Si des usines décident de venir et puis de partir sans respecter leurs engagements, comme Kawasaki et Suzuki qui sont parties sans aller au bout de leur contrat de cinq ans, ce qui, au final, n’a pas été retenu contre eux par Carmelo, qui s’est montré très gentleman et magnanime, ça risque de créer des situations intenables pour d’autres écuries.

Et là, je pense à des gens comme LCR, Gresini, Pramac, Aspar, Tech3, bref, à tous les teams indépendants qui sont là depuis des lustres, qui investissent et qui sont les piliers du championnat.

Si à toutes ces équipes, on leur dit « une usine arrive, il n’y a plus de places pour vous » et que ce constructeur, au bout de deux ans, décide de partir en faisant fi de ses obligations contractuelles, la situation deviendra encore plus compliquée.

Quand on prend l’exemple de Kawasaki en Superbike, où l’usine investit dans la recherche et le développement mais que la logistique est sous-traitée par une équipe privée, c’est certainement celui à suivre.

Si Suzuki veut revenir et qu’Hamamatsu discute avec un team indépendant, on entre dans un win-win porteur pour les deux parties. Ça leur permet de se concentrer sur la technique, alors que leur présence valorise la place du team indépendant qui commence à avoir une vraie valeur. C’est une belle rétribution pour les années d’efforts fournies par ces structures.

Pour moi, ça a du sens et en tout cas, par rapport à la direction qu’on veut donner au championnat, par rapport aux problèmes économiques que nous rencontrons et par rapport à la stabilité dont ce championnat a besoin.

C’est en tout cas un très beau coup de main que Carmelo Ezpeleta a donné à toutes les équipes indépendantes présentes en MotoGP.

Après, ce que j’ai un peu de mal à comprendre, c’est quand je vois que Davide Brivio deviendrait manager de Suzuki en MotoGP. Qu’est-ce que ça peut signifier ? Qu’il va devenir team manager d’Aspar ou de la structure qui va accueillir Hamamatsu ? Je pense que ce ne sont que des rumeurs qui ont enflé".

GPi : C’est peut-être uniquement pour diriger les tests de 2013 ?

"C’est possible, je n’en ai aucune idée et je n’ai pas parlé à Davide depuis longtemps. Je ne connais pas la réalité de l’origine de cette info et je ne veux pas appeler Carmelo pour en parler parce que je pense qu’aujourd’hui, il a d’autres chats à fouetter, mais en tout cas, la philosophie qu’il a dictée pour le retour du constructeur nippon est vraiment bien.

Aujourd’hui, c’est difficile pour tout le monde et pour une équipe privée, trouver un partenariat avec une usine qui veut s’engager, ça lui permettra d’obtenir un peu plus de visibilité à moyen terme, de pérenniser ses activités et de partager les coûts.

Si on prend l’exemple de Tech3, Monster est notre sponsor titre, mais l’usine ayant des machines ainsi que des pilotes plus performants, ils sont plus sexy que nous !

Notre avantage, c’est que nous sommes moins chers mais les vrais résultats font les vrais partenaires. Repsol est chez Honda, Marlboro chez Ducati et Yamaha a Monster et d’autres. Les grosses structures sont celles qui engendrent le plus de retombées médiatiques.

Pour des équipes comme nous, il faut trouver d’autres arguments pour intéresser des partenaires parce que malheureusement, on ne peut pas leur garantir des victoires. Nous sommes confrontés à une approche bien plus difficile du marketing vu la conjoncture actuelle.

Si demain, Aspar s’engage avec Suzuki, que BMW s’engage avec Gresini et que Kawasaki s’engage avec Tech3, ces trois équipes bénéficieront d’une visibilité plus importante et un d’une pérennité accrue.

Le coût de location des motos qui est le nôtre aujourd’hui, si nous trouvons un constructeur qui veut s’engager, nous pourrons l’utiliser pour lui offrir une logistique plus importante.

On veut tous un championnat plus excitant, avec vingt-deux ou vingt-quatre machines mais des machines performantes. Pas cinq motos qui archi-dominent et les autres qui servent à remplir la grille".

Il nous reste donc à souhaiter à Hervé Poncharal et à Tech3 une excellente saison 2013.
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